Retour sur mon non-bypass, 12 ans après

A la suite du poste de Shy sur son expérience avec la sleeve, j ai eu envie de décrire aussi mon parcours, avec le recul dû aux années.

En 2008, même si je fuis la balance, j ai beaucoup de peine à me mouvoir, j ai des douleurs partout (depuis on m a découvert un lupus mais bon la tout était mis sur le poids).

Je me pèse et je fais 113 kilos, pour 1,59 cm. J arrive plus a attacher mes chaussures.

A l époque, je ne vois aucune autre solution que la.chirurgie, ayant essayé tellement de fois de perdre du poids.

Je suis assez consciente de l aspect émotionnel que je mets dans la nourriture, j ai pris les derniers 20 kilos lors de ma dernière dépression, en 2005. Même si je vais mieux et que je suis stabilisée, je suis incapable de maigrir.

J entame donc les démarches, ici en suisse à cette époque , il n y a que le by pass qui se fait, car on nous explique lors des 3 jours de cours que je dois suivre, que les autres opérations donnent de moins bons résultats sur le long terme. Ok, va pour le bypass, toute façon je ne vois aucune autre solution.

S entame ensuite un parcours d information assez réaliste, avec photos d excédents de peau après la perte, les effets positifs et négatifs, toutes les complications possibles, on insiste sur l aspect psy, sur le risque d alcoolisme etcc.

J ai trouvé ce parcours bien fait. Je recommence mon suivi psy auprès de la psychiatre avec qui j ai fait ma longue thérapie.

Je reviens sur cette carapace qui me protège du regard des autres, des hommes en particulier, j essaie d envisager comment ça pourrait être sans, etcc.

Il m est difficile d affronter cette idée d anesthésie générale, en effet de confier mon corps pendant une perte de conscience est très douloureux. Cela fait remonter des très mauvais souvenirs, pas plus mal, il faut les affronter. (Sans donner trop de détails, à mon adolescence un médecin m a endormi à son cabinet et s est livré à des actes répréhensibles ).

Arrivé enfin cette date, le 8 septembre 2008, on m endors… Je me réveille, ma première pensee après la joie d être en vie, c est que "Hey mais c est cool j ai zéro douleur " .

La joie est de courte de durée puisque l on vient m expliquer qu en fait je n ai pas été opérée, car ils n ont pas réussi à m intuber (a cause d une malformation que j aurais) et que l anesthésiste à refusé de faire une trachéotomie pour un bypass. Donc on a réussi à enfiler un petit tuyau et on m a ventilé en manuel jusqu a mon réveil.

Je suis choquée et je me sens coupable, coupable d avoir fait quelque chose de faux, d être responsable de cet échec. Il faut savoir que la culpabilité à été longtemps mon amie.

De retour dans ma chambre puisqu on me garde quand même un moment à cause de l anesthésie, une vanne s ouvre et je ne fais que pleurer.

Je fais un autre poste pour la suite pour ne pas surcharger

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Après avoir tant pleuré, je commence à rebondir et à me dire que bon, j ai été capable d affronter d être endormie et de lâcher prise. Je commence à voir comme une chance dans le fond de n avoir pas été operee. Il faut savoir que la nourriture est un tel soutien dans ma vie que j aprehendais énormément être mal en mangeant comme j en ai vu beaucoup (je fais partie d un groupe de bypasses de suisse romande ).

D avoir affronté certains fantômes du passé fait aussi que je me sens libérée de quelque chose.

Je perd un peu de poids sans rien trop faire.

Ensuite en 2008 Je découvre vlr, là, pour moi, c est une révélation. On me.dirige vers le site du gros.org et la ça me parle énormément ! Je m engage à fond la dedans, parallèlement, je trouve une diet dans ma région qui est affiliée au G.R.O.S.

C est une période lune de miel, j ai le sentiment , pour la première fois de ma vie, d être libérée, ce qui était difficile avant me parait simple etcc.

Je maigris, très doucement, un peu comme un effet secondaire, j ai le sentiment que c est un peu magique. Avec le recul, je vois bien que j avais trop d attente la dessus et surtout j avais zappé le fait que la nourriture pouvait tout à fait redevenir une béquille, la vie étant faite de hauts et de bas.
Je profite aussi de ma mobilité retrouvée, je me muscle en marchant.

Ensuite en 2011, commencent des plus gros problèmes articulaires et tendineux, on trouve bizarre, mais je suis encore bien assez grosse pour le corps médical pour que cela soit mis la dessus et comme j ai fait plusieurs dépressions j ai l étiquette psy également. Ok. Je supporte pendant plusieurs années, la douleur me fait compenser parfois dans la nourriture, la lune de miel est terminée. Ensuite comme ça s aggrave, mon fils qui fait médecine me dit écoute il faut aller chez un specialiste pour moi c est pas juste psy. Par chance je tombe sur la bonne médecin qui après plein d examens me diagnostique ce lupus. Pas trop de choix, je pars sur 18 mois de cortisone en plus des autres traitements pour sortir de cette poussée. La j entame un régime strict pour ne pas reprendre trop de poids, c est dur et la joie de manger est assez loin.

A chaque fois malgré tout , tout me sert après pour mes réflexions sur mon lien avec la nourriture. Et J ai arrêté de me maltraiter, j ai mis de la bienveillance sur moi. Je ne reprends que 8 kilos et ensuite ça se stabilise, je m en accommode.

Suite au prochain

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A partir de 2016, la vie me met plein d embûches, maladies pour moi et mes proches, cancer, opérations (on m intube facilement maintenant car il y a un système avec caméra, donc moins de stress la dessus) et décès de celle qui a été mon pilier. 3 mois après, décès de ma chienne. Je plonge. Je ne suis pas en dépression, je n ai plus le.gout de vivre, pour moi c est trop dur d attendre de savoir qui est le prochain sur la liste, je regarde mon mari, je me dis qu il faut que je meure en premier pour ne pas revivre tant de souffrance. J essaie désespérément de garder la.tete hors de l eau, car je suis un peu le pilier de ma famille et je vois bien qu ils souffrent de me.voir comme cela.

Il n y a que la nourriture qui m aide. Puis, avec le temps, le fait de me remettre a la marche j arrive à revoir des choses positives, l angoisse de perdre ceux que j’aime s estompe un peu. Je me dis qu ils ont encore besoin de moi, que je me dois de profiter de la chance d être encore.vivante puisque ma soeur qui aimait tellement la vie ne peut plus le faire. La pandémie arrive, on reprend un chien, je me sens mieux etc.

Ensuite problemes d hémorragie, nouvelle opération.

Et la il se passe que je ne peux plus manger, la nourriture me fait mal, je repense donc fortement à ce non bypass de 2008 Et je me dis que c est une chance de n avoir pu le faire, quand je vois l impact qu à sur moi, sur mon moral, le fait d avoir mal quand je mange et de ne pouvoir manger que des petites choses. Je me dis qu il y avait une bonne étoile.

Ma conclusion est que pour moi, le fait de n avoir pas pu être opérée à été une chance. Je n ai certe pas perdu beaucoup, je suis toujours obèse, mais j ai la chance, à ce jour, de n avoir aucun problème métabolique qui s additionne à cette obésité.

Pour rebondir sur l aspect chirurgie, chacun son parcours, et la chirurgie peut tout à fait être une aide dans ce processus. Mais ce que je pense tres important dans mon vécu ( et pourtant est très cliché) c est de se concentrer sur le fait de se traiter avec bienveillance, fuir le plus qu on peut ce qui est toxique pour nous, se donner le droit de ne pas faire tout bien, et affronter les fantômes du passé. Accepter aussi que j aurai toujours une fragilité , que j aurai besoin parfois de l aide de la nourriture.

Merci à Shy d avoir fait son témoignage, car cela à mis en place des réflexions que j avais par rapport à ce non bypass suite à cette nouvelle opération !

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De rien :slight_smile:

En revanche pour ta conclusion, il n’y a pas de vécu très cliché, chacun à le sien, tous sont unique, aucun n’est jamais cliché.

Et le principal dans tous les cas, c’est effectivement d’en venir à se traiter avec bienveillance.

Courage et merci :slight_smile:

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